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lundi 21 septembre 2015

Interview de Catherine Epfel


Merci à Catherin Epfel d'avoir accepté de répondre à mes questions.
Catherine est l'auteur de Raptor


Résumé

Il est tueur à gages, il est flic. Il est solitaire, il est marié et père de famille. Voisins dans le même immeuble, au hasard d’une lettre glissée sous une porte, ils vont se rencontrer. Sous pression dans son métier de flic et sa vie auprès d’une femme trop parfaite, Kévin est intrigué par cet homme différent et sauvage, auprès duquel il va trouver refuge pour quelques instants d’évasion. De son côté, Yann se laisse tenter par cette compagnie inattendue, qui l’aide à repousser ses démons. Mais qui est réellement Yann ? Quel secret se cache derrière ce personnage décalé et mystérieux ? Quand Kévin prend conscience du danger, il est déjà trop tard...


***

Interview par Boulimique des livres

Peux-tu te présenter pour les lecteurs/lectrices qui ne te connaissent pas ?

Catherine
Je suis Catherine Epfel, mais tout le monde m’appelle Cath.
J’ai 57 ans, deux chiens, un chat, une fille avec un gros ventre qui ne va pas tarder à me donner un premier petit fils, et parfois quelques ados, quand ils veulent bien me reconnaître. Je suis parisienne de souche, mais je vis depuis 20 ans à Chantilly dans l’Oise, face à la forêt.
Je suis bohème, j’ai les cheveux méchés bleu, violet ou rouge suivant les saisons. Ma maison est multicolore, à l’image de ma vie plutôt décalée, de mon obsession des chaussures déjantées et de mes meubles tibétains, chinois ou marocains.
J’aime lire et écrire, faire la fête et voyager, l'humour et la dérision, mais surtout… boire du champagne à toute heure et toute occasion.
Je déteste les haricots verts et les escarpins, les mensonges et les maris, les prétentieux et les intolérants. Je ne peux pas vivre sans café et cigarettes.
Mes amis me disent gaie et spontanée, me décrivent comme un TGV lancé à pleine vitesse qu’on peut très difficilement arrêter. Soit on y grimpe, soit on reste sur le quai, mais le marchepied est assez inconfortable. Je croque la vie par tous les bouts, sans en laisser une miette. Je dois être fatigante pour beaucoup, j’en suis consciente…



Parles nous de tes romans Raptor et de ton recueil que tu viens de publier.

Catherine
RAPTOR est né d’un délire avec une amie à 2 heures du matin. Nikita de Luc Besson est un de mes films fétiches depuis toujours, je voulais me lancer dans une fiction originale, et j’avais besoin d’une idée de départ. Mais ce roman de 1200 pages ne s’en inspire que sur les douze premiers chapitres, après c’est une toute autre histoire…
RAPTOR, c’est 14 mois d’écriture, 5 heures par jour durant, des mois de relectures et de corrections, des nuits sans sommeil avec café et cigarettes, de la joie et des doutes, un virage dans ma vie. Devant le succès du premier tome, Rencontre improbable, sorti en mars dernier, j’envisage d’arrêter de travailler pour ne plus faire qu’écrire. C’est un choix difficile, mais important pour moi. Un de mes rêves que j’ai toujours tenté de réaliser, vivre pour mes passions, et l’écriture est l’une d’elles. J’espère juste que le second tome, Amour interdit, qui sortira le 28 septembre prochain, et le troisième, Ultime combat, prévu pour avril 2016, seront à hauteur de l’attente des lecteurs.
IL ÉTAIT UNE FOIS… DEUX HOMMES s’est presque imposé tout seul. Ce sont plus des histoires courtes que des nouvelles, vu leur longueur. Trois d’entre elles avaient déjà été diffusées sous d’autres supports, mais j’avais envie de les regrouper dans une réalisation plus personnelle, et elles me paraissaient bien trop courtes pour être éditées seules. Les deux premières sont inédites.
« Il était une fois… » est un texte qui m’a permis de gagner un concours sur un forum privé, et c’est sa construction qui en fait toute son originalité.
« La Magie de Noël » m’est venue un soir d’hiver, où j’ai mis deux heures à rentrer chez moi, prise dans une tempête de neige. Et au bord des routes, partout des voitures en panne et de nombreuses dépanneuses...
« La véritable aventure d’un croupier peu ordinaire » s’est matérialisée dans mon esprit lors d’une nuit d’insomnie. Et ne me demandez pas ce qui se passe dans les méandres de mon cerveau, je n’ai jamais eu la passion du jeu, peut-être de l’aventure inaccessible tout de même…
« Enrique, ou une beauté si particulière » m’est subitement tombée dessus lors d’une après-midi où je paressai comme Paul dans un transat costaricain au bord de la piscine, et il a fallu que je remonte de toute urgence à la chambre pour taper le synopsis.
Quant au « Requiem pour un fou », c’est un douloureux projet très ancien, qui date de plusieurs années. J’ai toujours voulu écrire un texte sur cette chanson que j’adore, et là, mes petites mains se sont animées toutes seules un soir à 18 heures. Résultat : 24 heures d’écriture presque non-stop, avec juste 4 heures de sommeil et une ou deux petites poses grignotage. Inspiration quand tu nous tiens…


Qu’est ce qui t’as poussé à commencer à écrire ?

Catherine

J’écris depuis toujours. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ecrire pour moi, c’est comme respirer. Suivant les périodes, je respire plus ou moins bien, mais il me faut toujours de l’air.
J’ai reçu une éducation bourgeoise très stricte et j’ai grandi dans l’interdiction formelle d’exprimer mes émotions. A la maison, on ne pleurait pas, on ne riait pas. Il me fallait l’exprimer autrement, puisque verbalement, c’était interdit. Alors, quand j’étais gamine, pour expulser le trop plein, je griffonnais mes ressentis sur des bouts de papier. Je pense que c’était ma manière de lutter contre les non-dits. C’est comme ça que j’ai commencé à écrire.
Ado, j’ai tenu un journal comme beaucoup, puis je suis passée aux cahiers que je noircissais jour et nuit d’émotions refoulées. J’ai rédigé pendant plus de 10 ans des chroniques littéraires pour des revues associatives et j’ai découvert par hasard la romance en 2009. Lorsque je me suis mise à en écrire, je ne me doutais même pas que c’était du MM.


Si Raptor devait être adapté au cinéma, quel casting aurais tu en tête ?

Catherine

Cette question est pour moi assez facile, et la réponse évidente en ce qui concerne Yann et Kévin. Au départ, ces deux personnages ont été mes supports de fanfic, et proviennent de la série « Les Bleus, premiers pas dans la police ». Donc Yann, c’est Mathieu Delarive et Kévin, Nicolas Gob.
Je visualise beaucoup lorsque j’écris, donc certains visages s’imposent naturellement à moi. Agnès, ce serait Géraldine Pailhas que j’adore. Max reste dans mon cœur et sous mes yeux, le Bob de Nikita des années 80, donc Tchéky Karyo.
On est dans le fantasme total là, parce que certains seraient bien trop vieux (sourire).
Ah cette imagination…



Comment abordes-tu l’écriture d’un nouveau roman ?

Catherine

La sauce est toujours un peu identique au départ. Ce sont les ingrédients qui changent.
D’abord un, voire deux ou trois personnages qui s’imposent d’eux-mêmes, régulièrement la nuit, souvent inspirés de mes ballades solitaires en ville à laisser mes yeux courir sur les gens.
Puis, une histoire. Mon père disait toujours : « Pour faire un bon livre, il faut 3 choses : une bonne histoire, une bonne histoire ET une bonne histoire ». Cela peut paraît simpliste, mais c’est l’évidence même. Je lis trop de livres où l’histoire est bancale, voire inexistante, vue et revue. Donc je peaufine toujours le scénario, même s’il change en cours d’écriture. Eh oui, ma muse n’aime ni les règles, ni les impératifs.
Depuis peu, je dresse ensuite un synopsis avec des fiches personnages, pour qu’ils ne se ressemblent pas tous. Ces derniers temps, j’ai remarqué que chez certains auteurs, les yeux sont toujours verts ou gris, les cheveux toujours indomptables, et les pleurnicheries du héros toujours similaires. Il me paraît très important de varier les plaisirs.
La suite, c’est ma recette, c’est la magie, c’est… chuttt, mon secret !
Il faut bien qu’il en reste un peu (clin d’œil)…



Peux-tu me décrire ton espace de travail quand tu écris ?

Catherine

Je pourrais écrire partout, tant que je suis seule, mais avec le temps, je me rends compte que l’endroit où j’écris le mieux, c’est dans ma chambre. J’ai besoin d’être dans ma bulle, sans bruit, sans distraction, sans musique.
J’envie celles et ceux qui savent écrire sur un transat au bord d’une piscine, ou assis à une terrasse de café. J’ai essayé pour l’image, mais la réalité est toute autre. Dans ces endroits bondés, me viennent les idées, en observant les gens, en laissant mon esprit divaguer, s’envoler. Mais pour la dépose finale, il me faut mon nid, j’ai besoin de me calfeutrer, d’emprisonner l’inspiration, pour ne pas qu’elle s’enfuie. Ma muse est exclusive, susceptible, exigeante et imprévisible. Donc lorsqu’elle est présente, je me soumets à sa volonté et ses caprices.
Mon bureau dans ma chambre, parfois mon lit, pas de lumière vive, juste quelques bougies, le chat qui ronronne. J’ai besoin d’une « ambiance propice », de litres de café et d’un stock inépuisable de cigarettes. Quand j’écris, je n’y suis plus pour personne, je ne mange plus, je dors peu, bref la maison peut prendre feu. Mes fils le savent, ce n’est pas le moment de venir me déranger, et ils s’adaptent à la situation, comme je m’adapte à ma muse. Dixit ma fille : « Ce n’est pas la peine de demander à maman, elle écrit. »


Quels sont tes prochains projets littéraires ?

Catherine
Oulla, terrible question. J’en ai plein ! (rire) Dans le désordre…
Terminer LE LENT POISON DU SECRET, qui sera un long roman en deux ou trois tomes. Je patine sur la fin depuis un an, mais ma muse semble s’y intéresser à nouveau depuis peu. Je dois aussi revoir le style d’écriture, car comme RAPTOR, il est en phrases courtes, et je pense les limiter, histoire d’éviter les entorses au cerveau de certaines…
Avancer L’HOMME CHOCOLAT, qui s’est durcit et ne veut plus fondre. Celui-là me donne beaucoup de fil à retordre, il était bien parti, mais… ma muse le dédaigne ostensiblement.
Réécrire un ancien roman qui est à reprendre en quasi-totalité, et qui doit faire 2000 pages au minimum.
Sans compter trois ou quatre appels de texte en cours, et tout un tas d’idées plus ou moins dispersées en vrac sur des fichiers ordi ou téléphone.
Bref, des années à écrire devant moi. Et pour mes lecteurs, beaucoup de patience. Je suis perfectionniste à l’obsession du moindre détail, donc tout cela demande du temps.


Peux-tu me donner le titre du livre qui t’a le plus marqué ?

Catherine

Sans hésitation, « Le chemin le moins fréquenté, apprendre à vivre avec la vie », de Scott Peck. Mon livre de chevet.
Le livre démarre par ces quelques mots, et ils ont orienté toute ma vie. « La vie est difficile. Si quelqu’un vous a prétendu le contraire, c’est qu’on vous a menti. »
Si nous souffrons autant, le problème n'est pas lié à la difficulté de la vie, mais au fait que nous croyons qu'elle devrait être facile, ce qui est un leurre terrible. D’autant plus que nous grandissons uniquement dans la difficulté et l’adversité. Scott Peck considère que l'amour est ce qui motive, ce qui dynamise la discipline indispensable à l'évolution spirituelle, et le définit comme la volonté de se dépasser dans le but de nourrir sa propre évolution ou celle de quelqu'un d'autre. Je partage totalement cet avis. L’amour et les gens ont toujours été mon moteur de vie.


Quel est le dernier livre que tu as lu ?

Catherine

« La vie est facile, ne t’inquiète pas » (le titre me fait beaucoup rire, parce qu’il est justement à l’opposé de la phrase de Scott Peck), de Agnès Martin-Lugand. Ce livre est la suite de « Les gens heureux lisent et boivent du café ».
J’ai bien aimé le premier, mais largement préféré le second. Très belle histoire d’amour et véritable coup de cœur émotionnel pour moi. Après l’acceptation du deuil et le long chemin à travers la souffrance, survient la reconstruction, puis l’on aime à nouveau. Une belle leçon de vie, même si romancée, et surement une des raisons de la force de ce bouquin.


Quelques mots pour tes lecteurs/lectrices?

Catherine
J’ai écrit souvent et longtemps dans l’ombre. Les chroniques littéraires, les interviews, les synthèses de livres, au fond, je me rends compte que c’était plutôt facile, parce que même si j’y mettais de moi-même, je ne dévoilais que très peu mes émotions.
Aujourd’hui, vous êtes là, vous me suivez, vous m’encouragez, vous me félicitez, et c’est tout nouveau. Dans mes histoires, je vous délivre mes émotions nues, parce que ces personnages sont des morceaux de moi. J’ai eu envie de tuer un amant qui m’échappait, j’ai croisé un Enrique au Costa Rica, je me suis rêvée en panne dans la neige face à un dépanneur sexy, et j’ai cherché l’aventure dans des chemins parfois très hasardeux. Yann, Jeremy, Paul, Ruben, Mathieu, Franck, tous sont une partie de moi, et bien plus encore…
Alors, vous comprendrez que vos retours me donnent une énergie formidable pour continuer, et je ne vous en remercierai jamais assez. Rentrer le soir après une dure journée et découvrir quelques mots d’amour, de remerciements, ça n’a pas de prix.
Merci à vous, merci d’exister. Si j’ai longtemps été seule, maintenant je ne le suis plus, alors je sais que je ne m’arrêterai plus jamais d’écrire grâce à vous. Et même si, pour reprendre une image que j’aime bien, le lecteur est une bête au ventre vorace mais exigeant, je m’efforcerais de ne pas vous décevoir.
A bientôt pour beaucoup de plaisir, dans d’autres histoires, sur d’autres lignes, à travers d’autres mots, …


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